Qu’est-ce que l’attention ?
Dans notre article précédent nous avons vu l’importance des intentions et leur support neuro-biologique. Aujourd’hui j’aimerai vous parler d’une fonction cognitive qui est l’attention. Intention et attention sont liées et marchent ensemble.
Mais qu’est-ce que l’attention ?
J’ai parlé de fonction cognitive et je vous invite à lire, si ce n’est pas déjà fait, mon article sur la cognition pour mieux comprendre ces notions (voir mon article à ce sujet).
Définition
L’attention est donc une fonction cognitive, elle est le premier filtre de l’information que vous captez dans votre environnement. Vous percevez par vos sens (comme la vue ou l’odorat) des informations venant de l’extérieur, puis vous filtrez ces perceptions par l’attention, qui agit comme un sélecteur et qui va choisir de retenir telle ou telle information. Ce filtre, nous le verrons dans un prochain article, est basé sur les choix conscients ou inconscients que vous faites, eux-mêmes basés sur vos croyances mais aussi sur tout ce qui concerne votre survie.
Pour monopoliser votre attention vous allez mettre en jeu différentes actions. Premièrement alerter votre système attentionnel et mettre en jeu votre attention sélective sur un sujet en particulier. Puis vous allez orienter votre attention sur les points à traiter, ensuite vous allez sélectionner ceux que vous souhaitez retenir.
L’attention c’est donc les choix que vous faites, ceux qui retiennent votre attention. C’est aussi la valeur que vous donnez finalement aux choses. Vous portez votre attention là où cela a de l’importance pour vous. L’attention est donc un filtre qu’il faut savoir captiver et canaliser.
Un petit exercice !
Si vous ne l’avez déjà vu je vous propose de visionner cette fameuse vidéo du gorille invisible qui vous demande de porter votre attention sur le nombre de passes et qui vous fait manquer pas mal d’éléments. Cette vidéo illustre à merveille nos croyances sur nos perceptions : nous pensons tout percevoir dans notre environnement alors que nous n’en traitons qu’une infime partie.
L’attention du côté du cerveau
Porter son attention sur quelque chose c’est activer un groupe de neurones en particulier.
Le cycle perception/action
Tout commence par la perception d’un stimuli, comme le précise la figure ci-dessus, vous percevez par vos sens qui réceptionnent l’information extérieure. Elle sera ensuite acheminée via vos neurones sensoriels, vers les aires cérébrales correspondantes. Ces aires cérébrales sensitives traiteront cette information ce qui entrainera un message vers des aires associatives pour ensuite donner une réponse, une action, par les aires motrices et les nerfs moteurs.
La perturbation de ce cycle: émotions et habitudes
Mais ce cycle perception/action peut être perturbé de manière automatique par les habitudes et les émotions. Éléments que nous avons déjà traités. Il est facile de comprendre qu’une émotion forte (un chien vous aboyant dessus par exemple) sera un signal saillant (de survie) qui vous détachera immédiatement de ce sur quoi vous étiez focalisé et portiez toute votre attention. Cela peut être aussi une pensée récurrente, vous vous êtes disputé le matin même et toute la journée cet évènement monopolisera votre attention. De même une habitude, un système de réaction stéréotypé (réagir à une notification de votre téléphone par exemple), aura le même effet que l’émotion forte et vous perturbera, voir vous coupera de l’action que vous étiez entrain de mener.
Il existe un troisième élément en plus des habitudes et des émotions qui peut jouer sur votre attention, c’est votre désir volontaire. En activant votre cortex pré-frontal, celui de l’analyse et de la raison vous pouvez contrôler votre attention et ses perturbateurs.
Les différents types d’attention
Enfin, nous parlerons des différents types d’attention. Pour en citer les principales, l’attention soutenue, lorsque vous êtes fortement et longuement concentré sur un sujet afin de mener une tâche (ex. suivre un cours qui vous intéresse). On parlera de flow lorsque vous ne voyez plus le temps passé sur une action précise, moment particulier de grande focalisation. L’attention sélective, qui sera le fait de se concentrer sur un sujet plutôt qu’un autre en occultant tout le reste. L’attention partagée (la pire !) lorsque vous effectuez plusieurs tâches en même temps sachant qu’en réalité vous passez d’une tâche à une autre, cela met en jeu votre flexibilité cognitive. L’attention partagée est très peu efficace et entraine une importante fatigue cognitive. Mieux vaut se concentrer sur une seule tâche à la fois.
Comment prendre conscience de votre attention
Faire un état des lieux
Vous devez devenir maître de votre attention, sinon ce sera des perturbateurs extérieurs associés à des réponse automatiques de votre part qui prendront le dessus sur votre quotidien.
Commencez par vous poser sur des moments en particulier de votre journée et noter sur un calepin où est votre attention. Est-elle focalisée sur des pensées répétitives ? Qui n’ont au final aucune utilité, puisque ce sont des créations de votre esprit. Est-elle focalisée sur une tâche en particulier ? Est-elle sélective, soutenue, partagée ? Prenez un moment et noter pendant une petite demi-heure le matin et l’après-midi ces éléments. Portez attention à votre attention, voilà de la métacognition !
Les actions à poser
Que faire ensuite ? une fois vos notes prises triez l’inutile de l’essentiel dans ce qui a monopolisé votre attention. Apprenez ensuite à ne faire qu’une tâche à la fois. Divisez vos tâches en sous-tâches afin de ne pas vous disperser et de tomber dans l’attention partagée. Restez concentré sur le moment présent une fois la tâche sélectionnée, concentrez-vous uniquement sur cette tâche. Mettez votre téléphone sur le mode silencieux, enlevez les notifications de votre téléphone ou de votre ordinateur, lorsque vous devez vous concentrer sur votre tâche. N’essayez plus de faire plusieurs choses en même temps, vous perdez réellement votre temps et vous vous fatiguez inutilement. Pensez à planifier vos actions, reprenez les éléments vu dans notre article sur la procrastination (voir mon article à ce sujet).
Comme le dit Jean-Philippe Lachaux un grand spécialiste français de l’attention, apprenez à stabiliser votre attention comme un funambule.
À retenir !
N’oubliez pas qu’il est normal de ne pas avoir une attention soutenue de manière continue, ainsi rester concentré pendant tout un cours par exemple ou une réunion n’est pas possible, votre système attentionnel a des limites. Il est donc normal de décrocher et d’avoir l’esprit qui vagabonde, on peut parler de distraction de la pensée. Néanmoins sachant cela c’est à vous de privilégier des pauses (repensez au pomodoro vu dans l’article sur la procrastination). Dès que vous vous sentez décrocher, faites une pause et remobilisez ensuite votre attention sur votre sujet en cours.
Partagez-moi en commentaire ce que vous avez mis en place et comment cela fonctionne pour vous.
Des livres pour aller plus loin…
Lachaux, J.-P. (2012). Le cerveau attentif: Contrôle, maîtrise et lâcher-prise. O. Jacob.
Lachaux, J.-P. (2016). Le cerveau funambule: Comprendre et apprivoiser son attention grâce aux neurosciences. O. Jacob.
Lachaux, J.-P. (2017a). Les petites bulles de l’attention: Se concentrer dans un monde de distractions. O. Jacob.
Images et figures création personnelle et source pixabay